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Le risque inondation à Dijon

mercredi 3 janvier 2018, par Joëlle Masson

Dijon et son agglomération sont assez fréquemment impactés par des crues.

Cet article rassemble différentes ressources qui vous permettront d’aborder la notion de "risque naturel inondation" avec des élèves de niveau collège à lycée.
Des pistes pédagogiques sont proposées niveau collège.

Travail effectué lors de la formation "Risques et aléas" proposée par l’ENS Lyon - 2017

Auteure : Joëlle MASSON

I- Résumé :

Lieu : agglomération dijonnaise
Aléa  : inondations / crues de l’Ouche de mai 2013
Enjeu / vulnérabilité : agglomération dijonnaise (populations, habitations, entreprises, équipements)

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@ le Monde – Neuilly-les-Dijon – 4 mai 2013

Début Mai 2013, après un mois d’avril très pluvieux et 8 jours de pluie sans discontinuer sur des sols détrempés, Dijon et son agglomération sont inondés. La crue est même qualifiée d’exceptionnelle dans plusieurs communes situées en aval de Dijon.

A Dijon, des personnes habitant les quartiers résidentiels en bordure de l’Ouche sont évacuées, des jardins, des caves et des parkings d’immeubles sont inondés.
Cette inondation est certes remarquable par son coefficient mais elle n’est pas surprenante, plusieurs crues ayant dans le passé impacté l’agglomération. Dijon se situe en effet à la confluence de deux rivières, l’Ouche et le Suzon, canalisées sur la plus grande partie de leur cours dans Dijon et son agglomération.
Alimentées par les eaux collectées sur leurs bassins versants, le Suzon recueille également toutes les eaux pluviales des secteurs urbanisés des villes de Talant, Dijon et Fontaine-Lès-Dijon.
En aval de Dijon, le réseau hydrographique est dense et la pente générale de l’Ouche est faible : les écoulements y sont par conséquent relativement lents.

Les enjeux à Dijon sont principalement humains et économiques. Ils sont aussi sanitaires.

Les risques liés aux crues de l’Ouche et du Suzon sont connus : en 2013, ils ont été gérés par un centre opérationnel pour la coordination des secours.
Deux des vannes à l’aval du lac Kir permettent d’atténuer les crues de l’Ouche. Le débit de l’Ouche est par ailleurs suivi en temps réel
Une mise à jour des Territoires à Risque Important d’inondation (TRI) du Dijonnais a été réalisée depuis cette crue et une stratégie de gestion du risque locale a été approuvée.

II- Documents ressources :

Article de presse : L’Obs avec AFP Publié le 04 mai 2013 à 18h11

Inondations en Côte-d’Or : "Je n’ai jamais vu ça !"

  • Trois départements, la Côte-d’Or, l’Yonne et la Haute-Marne restent placés samedi 4 mai en vigilance orange pour le risque d’inondation jusqu’à dimanche 16 heures, mais la décrue s’amorce à Dijon et dans ses environs, où des dizaines d’habitations ont été envahies par les eaux.
  • En milieu d’après-midi, la préfecture de la Côte-d’Or a annoncé que la rivière l’Ouche, qui traverse Dijon, avait entamé sa décrue et qu’elle désactivait en conséquence le Centre opérationnel mis en place pour la coordination des secours ainsi que le numéro de crise destiné aux populations.
  • Grossie par les pluies incessantes des dernières 48 heures, l’Ouche est soudainement sortie de son lit dans la soirée de vendredi, envahissant une partie des rues et des maisons situées en bordure de rivière.
  • Une dizaine de personnes évacuées
  • "Cela fait 23 ans que j’habite dans la vallée de l’Ouche et je n’ai jamais vu ça !", déclarait samedi matin Dominique Bachelet, une Dijonnaise de 56 ans, ébahie devant la rivière dévalant la ville.
  • Dans ce quartier résidentiel au bord de l’Ouche, une dizaine de personnes ont dû être évacuées dans la nuit, selon la municipalité.
  • Samedi matin, alors que les services techniques de la ville s’affairaient pour faire des barrages avec des sacs et pomper l’eau dans les parkings et les caves des immeubles, le sénateur-maire de Dijon François Rebsamen, venu sur place, estimait que la précédente crue de l’Ouche en 2001 était battue et qu’on était "dans des records de crues depuis cinquante ans".
  • "Crue exceptionnelle"
  • Mais alors que le niveau de l’Ouche continuait à augmenter en milieu de journée, c’est surtout dans les villages environnants, situés en aval de Dijon et placés en alerte rouge, qu’on redoutait samedi "une crue exceptionnelle".
  • En tout, une quinzaine de communes de la vallée de l’Ouche, entre Neuilly-les-Dijon et Echenon, dont les maires avaient été invités à recenser les "habitations à risques", en vue d’"éventuelles évacuations préventives".
  • A Neuilly-sur-Dijon, où le stade a pris des allures de piscine, une centaine d’entre eux ont ainsi été invités à quitter leurs maisons. "C’est hier qu’il fallait nous avertir", peste une septuagénaire, dont le sous-sol est envahi par "au moins quarante centimètres" d’eau depuis le matin.
  • Quelques maisons plus loin, Jean-Luc Chevalier, un quadragénaire qui vit là depuis 1999, a fait l’acquisition d’une pompe pour évacuer l’eau de son garage, où se trouvait "tout (son) matériel informatique et tous (ses) papiers". Malgré cela, le quadragénaire a estimé "qu’il n’y a pas lieu d’évacuer". "Je veux surveiller" la situation, a-t-il poursuivi, l’œil rivé sur son tuyau.
  • Des champs aux allures de rizières
  • A une dizaine de kilomètres de là, aux abords de la commune de Genlis, des champs ont pris des allures de rizières et plusieurs jardins et garages sont inondés.
  • "En 1965, il y avait de l’eau dans la maison et en 2001, l’eau était à ras du seuil de la maison", se souvient Marie-Louise Chadoeuf, 76 ans, craignant que cette crue soit "pire". L’eau ne s’était alors évacuée qu’au bout d’une semaine. Sa soeur, Thérèse, 74 ans, pense déjà à "tout le nettoyage après".
  • Une mère de famille, Estelle Lehoux, 43 ans, regarde les larmes aux yeux son jardin dévasté. "On n’a pas forcément les moyens de tout refaire", se lamente-t-elle.
  • Malgré l’amélioration de la situation, la préfecture de Côte-d’Or a décidé de maintenir tout le week-end une cellule de veille, en contact avec les secours sur le terrain, pour surveiller l’évolution de la situation.

Photographies prises lors de la crue de mai 2013 :

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@France3 – inondations de quartiers dijonnais mai 2013

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@La Dépêche – Voitures dans le centre-ville de Dijon mai 2013

Zones impactées : jardins, sous-sol et caves des maisons en bordure de rivière, parkings, champs cultivés

Géographie :

La ville de Dijon se place à la confluence de deux rivières :

-  L’Ouche en provenance de l’ouest de Dijon : canalisée sur plusieurs portions (amont et aval de Dijon), elle alimente le lac KIR (lac artificiel), traverse le centre-ville de Dijon avant de se diriger vers la Saône.
« Le niveau d’eau du lac est régulé par deux vannes situées à l’aval du lac et capable de laisser transiter un débit de 230m3/s, c’est-à-dire supérieur au débit centennal. Au-delà de ce débit, le niveau dans le lac augmenterait » (Extrait du Fichier TRI-explications)
Longueur de l’Ouche : 95 km.
Son cours a été quasiment entièrement canalisé et rectifié en centre-ville dijonnais.
Elle alimente le canal de Bourgogne qui traverse le centre-ville de Dijon.

-  Le Suzon (affluent rive gauche de l’Ouche) : à l’époque Gallo-romaine, il alimentait un immense marécage et une zone humide aux portes de Dijon. Il a été canalisé, il a alimenté les douves des fortifications de Dijon à l’époque médiévale. Il est en grande partie canalisé et en souterrain dans Dijon.

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Bassins versants : (Extrait du Fichier TRI-explications)

« L’Ouche prend sa source à une altitude de 375 m dans le sud du département de la Côte d’Or sur la commune de Lusigny-sur-Ouche. A l’amont de Dijon, la vallée de l’Ouche est caractérisée par un large bassin versant.

A l’aval de l’agglomération, l’Ouche rejoint la vallée basse qui est constituée par un bassin plus étroit, large de 2 km en moyenne. Elle se jette en rive droite de la Saône à Saint-Jean-de-Losne.

La pente générale de la rivière est faible et n’excède pas 2 pour mille à partir de l’aval de Lusigny-sur-
Ouche, les écoulements y sont par conséquent relativement lents.

La figure ci-après présente le profil en long de l’Ouche de sa source à la confluence avec la Saône. »

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« Le bassin versant du Suzon est caractérisé par un fort taux de boisement.

Le Suzon prend sa source sur la commune de Trouhaut au niveau de Fontaine Merle à une altitude de 425 m et se jette dans l’Ouche à Longvic après avoir traversé l’agglomération dijonnaise en souterrain.

La géologie du bassin est caractérisée par une dominance de calcaires fortement karstifiés induisant la présence d’importantes réserves d’eaux souterraines. La nature géologique du bassin explique également le caractère non pérenne de la rivière sur une bonne partie de son cours (entre Val Suzon Bas et Dijon).

Dans la traversée de Dijon, le Suzon reçoit les eaux pluviales ruisselées des secteurs urbanisés de Dijon, Talant et Fontaine-les-Dijon via les réseaux d’eaux pluviales, les avaloirs de rues et les surverses du réseau unitaire.

Le Suzon est sensible aux événements orageux intenses et alterne des régimes d’écoulement nuls et de type torrentiel. »

Météo des jours précédant l’inondation :

En terme de prévision des crues, l’Ouche fait partie des cours d’eau réglementaires surveillés par le Service de Prévision des Crues Rhône-Amont-Saône à la DREAL Rhône-Alpes.

Mesures de la pluviométrie à la station de Dijon Longvic

Cumul moyen des pluies du mois d’avril 2013 : 115 mm (+ 95% par rapport à la normale)

Cumul moyen des pluies du mois de mai 2013 : 165 mm (+ 91% par rapport à la normale)
8 jours de précipitations continues sur des sols déjà très saturés ont précédé l’inondation.
Précipitations importantes les dernières 48h.

Historique : (Extrait du Fichier TRI-explications)

« Les crues historiques marquantes de l’Ouche ont eu lieu en 1866, 1910, 1930, 1965, 1968, 1982, 1996, 2001 et 2013.

On reconnaît ici les grandes crues d’ampleur plus régionale (Bassin Parisien et Doubs/Saône : crue de l’hiver 1982, crues de 1910 et 1930, Grand Est de la France : crue de mars 2001, vicennale sur la Saône, Rhône moyen : crue de 1996, décennale, Loire Moyenne : crue de 1866) ; seules les crues de 1965 et 1968 semblent avoir été plus locales. »

« Les crues historiques marquantes du Suzon ont eu lieu en 1955, 1965, 1994, 1996, 2001 et 2006 ; on retrouve ici trois événements marquants sur l’Ouche amont (1965, 1996, 2001).

Les crues de 1955 et 1965 sont d’ampleur sensiblement équivalente. La crue de 1965 a été caractérisée par des inondations à Messigny-et-Vantoux qui touchent le Moulin du Rosoir et l’ancienne gare »

Enjeux  : (Extrait du Fichier TRI-explications)

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Protection – adaptation – limitation :

Vigilance crue : Site VIGICRUES, Territoire Rhône amont-Saône

Suivi en direct du niveau d’alerte (avec la légende de la carte)

Données en temps réel sur le débit de l’Ouche

La stratégie locale de gestion du risque inondation du TRI de Dijon a été arrêtée par les préfètes de Côte-d’Or et de Haute-Marne le 1er mars 2017.
Ce document est consultable dans la rubrique "la gestion du risque pour le territoire à risque important d’inondation (TRI) de Dijon", sous rubrique " la stratégie locale de gestion du risque inondation du TRI de Dijon". Lien d’accès direct.

TRI Dijonnais

En lien, ici.
@ Les services de l’État en Côte-d’Or

Fichier TRI carte de risque - atlas des zones inondables :
Une cartographie des quartiers de Dijon et indication des probabilités de crue selon 3 scénarios : fréquent, moyen, extrême.

Cartes extraites du fichier : indication en légende des zones inondables (vertes), des ouvrages de protection, des zones à risque.

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III- Pistes pédagogiques (niveau collège)

Programme cycle 4 :

Relier les connaissances scientifiques sur les risques naturels (ex. séismes, cyclones, inondations) ainsi que ceux liés aux activités humaines (pollution de l’air et des mers, réchauffement climatique...) aux mesures de prévention (quand c’est possible), de protection, d’adaptation, ou d’atténuation.
 » Les phénomènes naturels : risques et enjeux pour l’être humain
 » Notions d’aléas, de vulnérabilité et de risque en lien avec les phénomènes naturels ; prévisions. Les exemples locaux ou régionaux ainsi que les faits d’actualité sont à privilégier. Les activités proposées permettront à l’élève de prendre conscience des enjeux sociétaux et de l’impact des politiques publiques et des comportements individuels.

Disciplines concernées :

SVT et/ou Histoire Géographie EMC
Ce travail pourrait très bien s’intégrer dans un EPI avec l’EMC (Expliquer les liens entre l’engagement et la responsabilité) et l’histoire géographie (Prévenir les risques s’adapter au changement global).

Proposition d’activité en classe :
construite à partir des documents précédents (plus ou moins résumés pour un niveau collège. Illustration possible de certains points avec une vidéo de « C’est pas sorcier ».

1- Caractérisation de l’aléa à partir d’un résumé ou d’extrait de l’article de presse + les photographies + ordinateurs/ sites Géoportail et VIGICRUES + données historiques

Nommer l’aléa, relever sa date, ses principales conséquences (notion de risque naturel inondation)
Sur la carte de l’agglomération dijonnaise, localiser et colorier au feutre l’Ouche
Entourer en rouge les principales communes citées dans l’article et impactées par la crue.
Évaluer d’après les propos des personnes interviewées l’importance de la crue.
Consulter les données historiques pour voir si cet aléa était isolé ou récurent. (Notion de prévision de l’aléa ; Notion de crue décennale, centennale…)
Prévision : notion abordée aussi avec le site VIGICRUES : suivi du débit de la rivière en temps réel.

2- A partir d’un questionnaire simple, des données météorologiques, de Géoportail (inviter les élèves à zoomer sur l’agglomération) et d’un schéma simple de bassin versant, amener les élèves à identifier les causes de l’aléa (sols saturés en eau, pluies continues depuis 8 jours, rivière canalisée passant en plein centre-ville, confluence avec le Suzon).

3- Identification des enjeux lors d’une crue (tableau du Fichier TRI-explications) fourni.
Caractérisation de l’agglomération dijonnaise (population, installations…)

4- Évaluation du risque inondation à Dijon à partir d’une des cartes du fichier TRI

Travailler à partir de la légende de la carte
Le professeur a choisi 2 ou 3 secteurs où l’élève devra justifier le niveau de risque. (Notion de risque) – mairie de Chevigny Saint Sauveur, quartier autour du transformateur Dijon sud, station d’épuration, gare de Dijon…

5- Protection et prévention du risque : utilisation de la carte de risque

Protection  : à partir de la légende de la carte, indiquer comment il est possible de protéger l’agglomération dijonnaise des crues de l’Ouche. Essayer de localiser et d’identifier des aménagements ; (notions de protection et atténuation de l’aléa.)

Prévention : Identifier à partir de l’article de presse, les actions qu’une municipalité ou l’état (ministère de la transition écologique et solidaire) peut mettre en place en cas de crue.
Centre opérationnel de coordination de secours, numéro de crise, évacuations préventives, de mise en sécurité
Niveau d’alerte VIGICRUES : rouge, orange

Lexique ( Lien vers le site de l’ ENS Lyon)

Activité complémentaires sur le terrain  :
suggestions de Benoit Le Gac, enseignant à Pointe-Noire (Congo)

Ce travail pourrait être accompagné d’une sortie scolaire où les élèves pourraient identifier, en partant de la source jusqu’à Dijon, les différentes infrastructures et les canaux. Ces observations pourraient être exploitées sur place à l’aide des cartes fournies dans le corpus documentaire ou avec une tablette et une connexion internet permettant d’accéder à Geoportail.

Il serait également possible de réaliser une visite de la mairie pour interviewer un responsable de la mairie afin d’identifier les moyens mis en œuvre pour prévenir des crues.

Ce travail pourrait être également complété par des expérimentations par les élèves afin de comprendre les inondations facilitées par les canaux, les sols saturés… Il suffirait aux élèves de proposer des manipulations afin de travailler la démarche d’investigation. Ils pourraient tester l’absorption d’un sol saturé ou non d’eau, l’expérience de la rivière avec canalisation de l’eau ou non…

On pourrait également ajouter un document sur les calcaires karstifiés pour que les élèves comprennent l’importance de la géologie du bassin versant sur les inondations.